CORPUS

Association culturelle pour la promotion du bijou de création contemporaine

Régulièrement, suivant les rencontres, les lectures des uns et des autres, le groupe invite des intervenants pour œuvrer à des projets nourris par une réflexion qui s’enrichit d’apports extérieurs. Les projets du groupe sont peu ou prou façonnés par l’exigence d’aller à la rencontre des sciences humaines pour questionner la pratique autant que l’objet bijou dont de de nombreux ouvrages ont décrit la profondeur historique [Ciambelli, 2002, Taborin, 2004, Scordia, 2013]. Il s’agit de se doter d’outils théoriques pour réfléchir à nos pratiques, et d’accompagner nos expositions d’un catalogue pour partager nos réflexions. Je constate aujourd’hui qu’en instituant le bijou comme lieu de réflexion, le groupe a mis en place, petit-à-petit, des modalités de production de bijoux. Après avoir renoncé à énoncer des critères qui devaient permettre de caractériser les bijoux eux-mêmes, nous tendions à établir un comment un bijou se fait.Un comment qui élargit la notion de savoir-faire  au  savoir formuler, un comment qui institut le bijou comme « lieu de savoirs » [Jacob, 2007].

Le groupe Corpus n’est pas la première association de bijoutiers qui a pour but de promouvoir une nouvelle façon d’envisager le bijou¹, mais elle a été la première en France à s’engager dans un processus de stabilisation de la notion de « bijou contemporain » en intégrant une part d’intellectualisation à cette pratique. En France, lorsqu’il s’agit de fabrication de bijoux, la notion de « savoir-faire » fait référence, le plus souvent, à des habilités techniques qui se sont normalisées au début du XX^e siècle à travers l’apprentissage de gestes définis avec des outils définis, sur des matériaux définis. En faisant appel aux sciences humaines, en instaurant la production de textes comme accompagnement nécessaire à la production d’un bijou et à son intelligibilité, les membres du groupe ont inclus des « savoir-penser » dans les « savoir-faire ».

Ainsi, en continuant de complexifier la réflexion, sans hésiter à s’emparer de disciplines variées, les actions du groupe Corpus montrent que le « bijou contemporain » peut être considéré comme un lieu propice à la réflexion et aux interrogations sur les manières de produire du savoir. Elles se font l’écho d’une pratique en mouvement.

En 1994 l’association Corpus a été récompensée à Strasbourg par le prix du Centre européen d’action artistique contemporaine (CEAAC).

En 1993, l’association Corpus fonde, avec six autres associations européennes le réseau Ars Ornata Europeana, S.T.F.Z (association polonaise), Forum Fûr Schmuck und Design (association allemande), CINABRE (association française), AURA (association slovaque), F.A.D (association espagnole).

De 1993 à 2007, ce réseau a organisé une rencontre annuelle ou biennale sous la forme d’un symposium qui réunissait conférences et expositions ce qui a permis de rencontrer nos collègues européens et leurs questionnements sur leurs pratiques.

En 1997, Ars Ornata Europeana s’est réuni à Strasbourg sur le thème « S’approprier le bijou, Apprendre et comprendre ». Avec le soutien de la ville de Strasbourg, de la Région Alsace, le Conseil Général du Bas-Rhin et la D.R.A.C, et de quelques sponsors privés, l’association CORPUS a organisé trois jours de rencontre au Palais des Fêtes prêté par la ville de Strasbourg.

1 En 1979 huit créateurs français se regroupaient pour créer le collectif EPOC (Études et propositions d’orfèvrerie contemporaine). Certains de ses membres, tel Gilles Jonemann, ont diffusé les réflexions du groupe à travers l’enseignement. Cela a probablement encouragé l’émergence d’une nouvelle génération de créateurs mais il n’y a aucune trace publiée des expériences de ce collectif. Et en 1982 le groupe Hephaïstos regroupent des bijoutiers indépendants qui « partagent une même sensation de frustration et d’étouffement dans l’univers de la bijouterie traditionnelle ». Ni le groupe EPOC, ni le groupe Hephaïstos n’ont laissé d’archives consultables.

Les membres actuels de Corpus :

Cathy Abrial, Brune Boyer, Véronique Buri, Christophe Burger, Olivier Daunay, Marie Debourge, Florence Lehmann, Astrid Meyer, Suzanne Otwell-Nègre, Maud Rottier.

Corpus en quelques dates